Le déploiement de nouvelles zones à faibles émissions en carbone dans les grandes villes françaises s’ajoute à d’autres paramètres structurels qui expliquent l’ampleur du défi que représente aujourd’hui – pour les entreprises concernées – la gestion de cette étape finale (et cruciale) de la chaîne logistique.
Le 7 décembre dernier, la réunion du premier comité interministériel de la logistique (Cilog), destiné à établir un programme visant à accroître la compétitivité de l’ensemble de la filière française, a officialisé la mise en place d’une quinzaine de mesures de relance financées par une enveloppe d’1,7 milliard d’euros de fonds publics : plusieurs d’entre elles portent sur les enjeux environnementaux (véhicules polluants) et technologiques (automatisation, intelligence artificielle) soulevés par la gestion logistique et transport du « dernier kilomètre », étape finale du processus de livraison des colis jusqu’à l’adresse de leur destinataire.
Des nouvelles contraintes en centres-villes
Sur le premier point, le plan prévoit d’engager une stratégie de logistique urbaine durable (LUD) qui se traduit, au plan local, par l’élaboration de chartes spécifiques entre les pouvoirs publics (souvent une municipalité) et les acteurs économiques (livreur, prestataire logistique) en vue de favoriser des modes « plus propres » d’acheminement de marchandises vers les centres-villes. Dans certaines métropoles, cet objectif a déjà donné lieu à la mise en place de nouvelles réglementations (horaires fixes pour le déchargement et le chargement, restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants à travers la définition de zones à faibles émissions en vigueur dans une vingtaine d’agglomérations françaises).
L’objectif est d’importance et s’articule autour des préoccupations « vertes » promues par l’Etat et les entreprises : d’après les promoteurs du programme dits Interlud, subventionné jusqu’à 70% par les certificats d’économie d’énergie (CEE), la livraison de marchandises représente à elle seule entre 15 et 20% des rejets de gaz à effet de serre issus du secteur des transports en milieu urbain.
Plus de 500 millions de colis en France
Pour les acteurs de la logistique, ces nouvelles normes environnementales rendent encore plus aigüe la gestion du « dernier kilomètre », un segment devenu majeur depuis que l’explosion du e-commerce a très significativement accru le nombre de colis en circulation (plus de 500 millions en France chaque année, un chiffre qui a doublé en une décennie).
Elles s’ajoutent à d’autres enjeux techniques liés à l’intensification des expéditions saisonnières (les fameux « pics » générés par les fêtes de fin d’année ou les périodes de promotions spéciales), la multiplication des livraisons urgentes et prioritaires portant sur des marchandises caractéristiques (produits frais, médicaments, pièces détachées), et la diversification des lieux de destinations (entreprises, domicile, boîtes aux lettres, points relais etc…) qui complexifie l’élaboration de circuits de distribution.