Des pistes pour décarboner la logistique
Le troisième Comité interministériel de la logistique, qui s’est tenu fin 2022, a donné lieu à la présentation d’un programme officiel réparti en huit objectifs : la moitié d’entre eux prévoit d’engager de nouvelles mesures et/ou de poursuivre les efforts déjà engagés pour rendre le secteur moins polluant.
Cilog, c’est l’acronyme du Comité interministériel de la logistique, une instance installée en 2020 pour définir, sous l’égide des principaux décideurs concernés, les grands axes stratégiques visant à développer la compétitivité de la filière et lui permettre d’accélérer sa transition énergétique. Trois ans après la tenue du premier Cilog, la logistique verte reste d’une actualité brûlante : la croissance du secteur, largement portée par l’explosion de la vente en ligne, a permis la création de centaine de milliers d’emplois (il en concentre à lui seul 1,4 million, soit plus de 7% des effectifs salariés exerçant dans le privé).
Pollution : le poids du transport
Cette réussite économique a un revers écologique : la livraison de marchandises, située en amont et en aval de la chaine d’approvisionnement, est pointé pour son impact environnemental. D’après un rapport du Sénat publié en 2021*, la part des émissions de gaz à effet de serre imputable à cette activité de transport aurait progressé de +6% depuis 2015.
Trois des huit objectifs fixés par le troisième Cilog organisé en février 2023, planifient justement un certain nombre de mesures pour réduire la pollution générée par la circulation des poids-lourd : en « augmentant le recours à des solutions plus propres et en articulant les différents modes de transport », en « accélérant la décarbonation du mode routier » et en encourageant, au niveau local, la mise en place de dispositifs favorables à « une logistique du dernier kilomètre plus durable ».
Sur ce dernier point, le programme InTerLUD (Innovations territoriales et logistique urbaine durable) validé par le premier comité interministériel de Logistique mène des actions de sensibilisation dans les territoires urbains sur la pluralité des enjeux environnementaux. Il cherche également, par la création d’espaces de dialogue entre les collectivités locales et les entreprises, à inciter chacune des parties prenantes à élaborer des chartes éco-responsables : ces documents, fruits d’une concertation conduite sur le terrain, s’engagent à faciliter un acheminement « plus propre » des marchandises vers les centre-ville où se concentrent les plus fortes densités automobiles, et les plus importants niveaux de CO2.
Des mesures déjà prises dans le coeur des villes
Ces initiatives se sont déjà traduites, au cœur des métropoles les plus en tension, par la mise en place des réglementations spécifiques pour réduire les nuisances et la pollution (définition d’horaires fixes pour le déchargement et le chargement des colis, restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants au sein de zones à faibles émissions, ou ZFE, en vigueur dans une dizaine d’agglomérations françaises).
La feuille de route définie par le Cilog compte huit grands objectifs. En dehors de celles déjà abordées, certaines mesures visent à
- relocaliser les bassins de production afin de les rapprocher des bassins de consommation
- Inciter les transporteur à investir dans une mobilité propre : en mars 2022, un appel projet baptisé « Ecosystèmes de véhicules lourds électriques », financé à hauteur de 65 millions d’euros, avait été lancé par l’Etat afin de soutenir l’achat de poids-lourd électriques et déployer un maillage des points de recharge associés (cette initiative publique permettra, dans un premier temps, de subventionner l’acquisition de 84 camions).
*Transport de marchandises face aux impératifs environnementaux – Sénat – 2021