Un rapport réalisé conjointement par l’ADEME (Agence de l’Environnement de la Maitrise de l’Energie) et le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires tire un bilan carbone de l’activité e-commerce et du secteur de logistique, deux secteurs stratégiquement liés. Au-delà du constat, l’étude propose un outil de simulation destiné à mesurer l’impact environnemental des chaînes d’approvisionnement et à dégager les scénarios aptes à réduire leurs émissions de CO2 à partir d’un mode de livraison optimal.
La croissance forte et continue du commerce en ligne est matériellement quantifiable : en France, les ventes sur le web se traduisent, chaque année, par la circulation d’un milliard de colis. S’il alimente l’économie nationale et impulse une dynamique d’emploi dans les territoires, ce business a aussi son revers : entre l’expédition du produit, son stockage logistique et sa livraison jusqu’au client final, le bilan émissif du secteur est estimé à 1 million de tonnes de C02. De quoi faire réagir les pouvoirs publics et les acteurs concernés, d’accord pour engager des mesures ambitieuses en faveur d’une logistique verte, sans freiner l’accélération ni contraindre le développement des nombreux métiers qui interviennent à chacune des étapes stratégiques de la supply chain et contribuent à sa performance.
Dans un rapport publié début mai 2023, l’ADEME (Agence de l’Environnement de la Maitrise de l’Energie) et le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires s’emploient d’abord à dresser un constat, prélude nécessaire à l’identification des failles à résorber par la mise en œuvre de solution adaptées et réalistes.
E-commerce logistique : de nouvelles sources de pollution
La vente sur internet, qui représente presque le quart des résultats enregistrés par le commerce de détail, s’est parfois totalement substitué au magasin physique. Mais beaucoup d’enseignes ont choisi, par souci stratégique ou par nécessité (celle de s’aligner sur le modèle de leurs concurrents), de s’appuyer sur le e-commerce pour s’ouvrir un débouché complémentaire à travers les outils connectés.
Dans leur étude, l’Ademe et le Ministère de la Transition reconnaissent au numérique le mérite d’avoir mécaniquement réduit des sources polluantes d’ampleur comme le bâtiment (par l’absence de boutique) et les déplacements routiers (les consommateurs achètent depuis leur domicile). Il en aussi créé d’autres : l’emballage des marchandises à expédier, le faible taux de chargement des véhicules de livraison, le recours à certains modes de transport particulièrement émetteurs, les déperditions liées aux retours de colis, un maillage peu optimal des points de retraits qui allonge les trajets parcourus des consommateurs…
Pour remédier à ces problèmes, l’étude propose d’agir sur plusieurs points. Ils rejoignent, en partie, les mesures annoncées en 2021 par une charte d’engagement signée par l’Etat et la Fevad, fédération des professionnels de la vente à distance.
Sur les déplacements des consommateurs
- Encourager les particuliers à emprunter des modes de locomotion alternatifs à la voiture comme le vélo ou les transports collectifs, voire à mutualiser leur trajet (et profiter d’un déplacement domicile-travail) pour aller retirer leur produit. L’objectif reste de dissuader les consommateurs d’utiliser l’automobile pour se rendre spécifiquement en point de retrait (un tiers des cas aujourd’hui).
- Mettre en place des outils d’optimisation qui permettent aux commerçants d’éviter les échecs ou les erreurs de livraisons à domicile
- Encadrer les politiques commerciales de retour, en sécurisant et fiabilisant le choix du produit au moment de l’achat, afin de réduire les risque de double aller-retour pour un même colis.
Sur les emballages
- Ajuster le contenant à son contenu pour diminuer le volume du colis et surtout la proportion d’espace inutilisé à l’intérieur, ou de « vide » (estimée à 50%).
- Supprimer le suremballage et prévoir une seul niveau de conditionnement.
Sur les formules de livraison
informer le consommateur sur l’offre de livraison qui correspond le mieux à ses contraintes (zone géographique, déplacement éventuel…) et lui permettre de choisir une « option verte » quitte à moduler le coût des formules proposées en fonction de leur performance environnementale.
Dès la validation du panier, sensibiliser l’internaute à la possibilité de regrouper ses achats au sein d’une seule et même livraison.
Outil ECEL : la solution pour prendre le bon virage ?
En complément de ces mesures, l’étude a mis en place un référentiel d’évaluation d’impact environnemental des chaînes logistiques, baptisé « ECEL » (pour Empreinte Commerce en Ligne »). Il s’agit d’un outil de simulation qui offre un comparatif entre livraison à domicile, réception en point relais ou retrait en magasin. Selon les résultats fournis par ECEL, le scénarios le moins énergivores restent ceux d’un acheminement du colis jusqu’au domicile de son destinataire et sans suremballage, ou le retrait du produit en point relais après un trajet réalisé à vélo.
Des versions web de l’outil ECEL devraient être prochainement mises à disposition des acteurs du e-commerce et des consommateurs.