Jamais le secteur du transport et de l’entreposage n’avait autant recruté. Un effet direct de la croissance exponentielle du e-commerce, qui a encore accéléré au cours des deux années de crise sanitaire. Au point de faire évoluer les métiers en interne.
En 2021, près de 100 000 projets de recrutements ont été recensés par Pôle Emploi dans le secteur de la logistique, des besoins qui se sont essentiellement concentrés sur des postes spécifiques au transport et à l’entreposage, deux des principaux maillons de la « supply chain » (ils représentent à eux seuls un peu des trois-quarts des effectifs mobilisés par l’ensemble de la filière).
Le e-commerce accélère toujours
Cette quête de main d’œuvre sera au moins de même ampleur en 2022, peut-être même supérieure, tant le contexte général paraît favorable : les ventes en ligne, qui ont connu un nouveau coup d’accélérateur pendant la crise sanitaire, ont atteint un nouveau record en 2021 (130 milliards d’euros de chiffres d’affaires, soit une hausse de +15% sur un an).
Un élan qui devrait se poursuivre cette année pour plusieurs raisons : d’abord parce que le digital, bien ancré dans les mœurs (plus de 42 millions de e-shoppers en France), représentait l’an dernier près de 15% du commerce de détail et dispose encore d’une remarquable marge de progression, nourrie par sa capacité permanente à anticiper, dans un temps record, les attentes des consommateurs et à s’adapter aux évolutions de plus en rapides de leurs comportements d’achat.
Ensuite parce-que l’omnicanalité s’impose désormais comme un levier de compétitivité pour les enseignes physiques promptes à saisir les parts de marché offertes par la demande sur le web, boostée par la multiplication des supports connectés et le perfectionnement, toujours plus fin, des moteurs de recherche.
Tant et si bien que le portail Statista estime à 5,24% par an la hausse, en volume, des transactions internet qui seront réalisés sur le réseau français jusqu’en 2025. Avec, en parallèle, des conséquences à l’avenant sur l’emploi logistique, sollicité pour gérer, stocker et livrer un volume croissant de colis. Dès août 2020, Pôle Emploi avait évalué les besoins en recrutements à 500 000 unités dans les métiers liés à la gestion logistique et transport d’ici à 2022 (à titre d’exemple, 7 440 projets d’embauche ont été comptabilisés dans ces deux activités en Région Pays de la Loire l’an dernier, dont 1 430 en Maine-et-Loire).
Des caristes et des préparateurs de commande très recherchés
En début d’année, Amalo, cabinet de recrutement spécialisé en logistique, supply chain, industrie et ADV (Administration des Ventes), dénombrait 40 000 offres d’emploi au niveau national (environ 30 000 pour Pôle Emploi et l’Apec), dont près de 11 000 postes de caristes. Ce métier, qui consiste à déplacer les palettes au sein d’un entrepôt logistique, trier, préparer les colis et les charger dans les camions, est l’une des 10 professions les plus demandées actuellement par les acteurs de la filière. Il évolue également très vite sous la pression du marché et l’accélération des mutations technologiques : « les engins pilotés par les caristes embarquent de plus en plus d’informatique et de nouvelles techniques de préparation de commandes sont déployées. » observait fin 2021 un directeur de marchés transport-logistique de l’agence d’intérim Manpower qui indiquait devoir « aller chercher des profils différents » pour faire face à ces nouveaux besoins.
Viennent ensuite les salariés en charge de la préparation de commande logistique (collecte et conditionnement des marchandises à expédier), ou encore le chef de quai auquel revient la tâche de coordonner les équipes d’acheminement des produits, sans oublier les chauffeurs-livreurs (+ de 15 000 offres selon Amalo) qui fournissent le client final et couvrent le fameux « dernier kilomètre », segment ultime et décisif de la chaine de distribution.