Promulguée en décembre 2019, la loi d’orientation des mobilités introduit des évolutions réglementaires qui devraient amener les professionnels de la livraison à optimiser leurs prestations en bout de chaîne logistique.
L’expédition d’une commande jusqu’au domicile du client représente un défi économique majeur pour n’importe quelle entreprise de transport et logistique depuis que l’accélération des achats réalisés en ligne a fait exploser le nombre de colis en circulation : en 2017, la barre des 500 millions d’unités avait été franchie – +200 millions par rapport à 2011 ! – et, chaque année, la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) en comptabilise toujours davantage (+20% par an en moyenne). Autre chiffre significatif qui permet de cerner les enjeux de ce marché très évolutif auquel l’ensemble des opérateurs de la supply chain doit s’adapter en permanence : au moins 86% des cyberconsommateurs optent pour des formules qui leur offrent la possibilité de se faire livrer directement chez eux, et 83% choisissent d’aller réceptionner leur paquet en point-relais, souvent pour profiter de créneaux horaires plus larges qu’à la maison (source : Fevad 2019).
Jusqu’à 50% des coûts globaux
Or, ce fameux « dernier kilomètre », qui désigne l’ultime étape de la livraison entre l’entrepôt de stockage et le destinataire final, est le plus coûteux à gérer pour les entreprises en raison de la démutualisation des flux : de surcroît, les véhicules mobilisés dépensent beaucoup d’énergie pour effectuer des trajets rarement optimisés dans des zones souvent urbaines et denses où l’accessibilité est limitée dans le temps et l’espace (stationnement hyper-réglementé, mise en place de tranches horaires pour les livraisons de marchandises, respect des normes relatives au PTAC, poids total autorisé en charge etc…). Ce à quoi il faut ajouter la facture « environnementale » à laquelle les consommateurs sont, malgré des exigences toujours plus fortes en termes de délai, de plus en plus sensibles. En novembre 2019, une étude de Cushman & Wakefield (« last Link – Quantifying the cost) avait estimé jusqu’à 50% les coûts globaux représentés « par le dernier maillon de la chaîne d’approvisionnement ».
Pour les marques, la nécessaire optimisation passe très souvent par l’externalisation de la logistique e-commerce et du transport auprès de prestataires qui, sur le terrain, développent des processus collaboratifs et proposent des solutions plus économes et vertueuses sur le plan écologique : plusieurs sources affirment que la livraison en points-relais, permettrait lors d’une tournée de réduire de 50 à 15 le nombre d’arrêts de véhicules (le transporteur dépose plusieurs colis au même endroit, au lieu d’un seul pour chaque livraison à domicile).
Dans un avenir plus ou moins proche, les multiples évolutions réglementaires vont immanquablement conduire les transporteurs à définir des stratégies innovantes préalables, pour certaines d’entre elles, à un véritable changement de modèle : la loi d’orientation des mobilités prévient notamment de faciliter la création de « zones à faible émissions » (ZFE) dans les villes afin de restreindre, dans les secteurs à préserver, la circulation des véhicules les plus polluants. Cette mesure, à laquelle une quinzaine de métropoles françaises promettent d’adhérer, va amener les opérateurs à renouveler leurs flottes affectées au « dernier kilomètre ».
Plus encore que le véhicules électrique, dont l’acquisition ouvre droit à de avantages fiscaux (exonération de la taxe régionale d’immatriculation, plafond de déductibilité de l’amortissement plus élevé etc…), les professionnels du secteur anticipent de plus en plus l’arrivée des véhicules autonomes : là aussi, la loi « Lom » habilite l’Etat à prendre des ordonnances pour bâtir un cadre juridique adapté à ce type de technologies :la réflexion portera surtout sur les nouvelles conditions de circulation à mettre en œuvre et sur le régime de responsabilité applicable (art.12).