La logistique cartonne à tout-va
La hausse constante de l’activité e-commerce, qui génère la circulation d’un flux de colis toujours plus volumineux dans le circuit d’acheminement et de distribution, entrouvre de juteuses perspectives économiques pour l’industrie du papier-carton.
En France, les ventes en lignes sont au plus haut, et les entreprises spécialisées dans la production de cartons décollent. Le lien entre ces deux constats est vite fait puisque les deux secteurs se nourrissent l’un l’autre. D’autres paramètres d’ordre réglementaire expliquent toutefois le regain assez soudain dont a profité le second au cours de ces dernières années : l’interdiction progressive de l’usage du plastique pour confectionner des emballages a mécaniquement érigé les matériaux à base végétale au rang d’alternatives « naturelles » (le carton est conçu à partir de cellulose, une molécule présente dans la bois, le lin, le chanvre ou le coton).
Plus de 7 millions de tonnes de cartons en 2021
En début d’année, l’union française des industries des cartons, papiers et cellulose (Copacel) avait fait état d’un net rebond du chiffre d’affaires enregistré par la filière en 2021, soit une croissance de +25% par rapport à l’exercice précédent, qui a coïncidé avec l’irruption brutale de la crise sanitaire : période au cours de laquelle le monde de l’entreprise de logistique avait été très fortement mis à contribution pour compenser l’arrêt de la distribution de marchandises dans les commerces physiques, fermés administrativement.
L’industrie du papier carton, qui repose sur en France sur 82 usines et plus de 10 000 emplois, a encaissé près de 6 milliards d’euros de recettes en 2021. Avec un volume de production à l’avenant puisqu’il a progressé de 7% pour atteindre 7,4 millions de tonnes, résultat qui fait de l’Hexagone le 5e fabricant de papiers et cartons en Europe.
La consommation, estimée à 8,4 millions de tonnes (+5% en un an) en 2021, a même dépassé cette année-là le niveau de l’offre produite en France. Une accélération alimentée par le triple effet de la reprise économique, « la substitution du plastique dans les emballages » et « la poursuite du développement de la vente en ligne » (+15%) qui va de pair avec la croissance de l’activité des entrepôts de logistique e-commerce, maillons essentiels de la supply chain, par où transitent désormais plus d’un milliard de colis par an.
Le carton est aussi touché par l’inflation
Tous les ingrédients d’une embellie durable sont réunis, au point que la Copacel table sur un rythme de progression rapide des commandes, de l’ordre de 1,8% par an en France entre 2020 et 2030. La production passerait ainsi de 6,9 millions de tonnes en 2020 à 8,2 en 2030.
Un bémol cependant : la crise de l’énergie et la poussée inflationniste sur les matières premières qui risquent d’impacter à la hausse le coût de production de la pâte à papier utilisé dans la confection des emballages (un argument invoqué fin juillet par Amazon pour justifier le renchérissement de son tarif d’abonnement).