Plus de la moitié des consommateurs consentiraient à recevoir un colis plus tard si ce rallongement des délais permettait vraiment d’améliorer l’impact environnemental des livraisons.
Les colis express, acheminés chez le client final à J+1, parfois le jour-même de la prise de commande, ont-ils déjà vécu ? La rapidité extrême des livraisons, présentée il y a encore peu par les consommateurs comme un critère décisif dans leur décision d’achat, se heurte aux considérations écologiques de clients de plus en plus nombreux, désormais très sensibilisés à la question « verte ». Est-ce le signe que le vent tourne, alors que les acteurs e-commerce ont beaucoup investi ces dernières pour accroître la performance et la réactivité de leur service de livraison, en recourant par exemple à un prestataire logistique ?
Le public plus sensibilisés que jamais à l’impact écologique des livraisions
L’été dernier, une étude commandée auprès de Sapio Research par Descartes Systems Group, éditeur de solutions logicielles spécialisées dans la gestion de la supply chain, révélait que 62% des e-shoppers estimaient que les livraisons issues du modèle e-commerce n’étaient pas suffisamment « éco responsables ». Ce taux recouvre une réalité internationale puisque l’enquête qui en est à l’origine a été réalisée dans 11 pays européens et nord-américains, et touche un panel de 8 000 consommateurs répartis entre ces deux continents, dont des français. A cette échelle globale, la moitié des sondés (50 %) a dit s’intéresser à des méthodes de livraison plus respectueuses de l’environnement et 54 % ont manifesté leur intention d’accepter de recevoir leur colis plus tard si cette concession sur les délais permettait d’améliorer l’impact écologique de leur commande.
En France, ce critère semble plus prégnant qu’ailleurs puisqu’il grimpe à 58% des personnes interrogées. Toujours dans l’Hexagone, 49% des clients en ligne disent désormais intégrer, « régulièrement ou systématiquement », les valeurs « green » mises en avant et appliquées par l’enseigne, dans leur prise de décision de valider ou non un panier sur internet (c’est dix points de plus qu’au niveau international, 39%). L’empreinte carbone du produit qui les intéresse influe également sur leur choix de poursuivre ou d’abandonner leur achat.
La livraison ultra-rapide génère deux à 4 fois plus de CO2
Pour réduire les émissions polluantes des livraisons, tout en optimisant la qualité du service logistique, des spécialistes de la logistique e-commerce recourent à la mutualisation, stratégie qui consiste par exemple à regrouper, auprès d’un transporteur unique, l’ensemble des colis à expédier aux mêmes adresses et/ou chez plusieurs clients localisés dans un même secteur géographique, à l’échelle d’une ville, d’un quartier, d’une zone industrielle ou artisanale).
Or, ces stratégies nécessitent un minimum de délais pour permettre aux prestataires de consolider et trier les commandes de manière à les rassembler dans seul véhicule de transport. Voilà pourquoi ce type de livraison standard en point de retrait ou à domicile génère entre 2 et 4 fois moins d’émission de gaz à effet de serre qu’une livraison ultra-rapide en 24 heures chez l’habitant, beaucoup plus compliquée, voire impossible à optimiser sur les plans opérationnel et environnemental, et à rationnaliser économiquement (la mise en place d’une telle offre se fait souvent à perte afin de proposer des prix compétitifs à la clientèle).
Soulignons que les consommateurs sont aujourd’hui demandeurs de ce type d’information : un e-commerçant qui s’appuie sur un mode de livraison en véhicule propre à tout intérêt à la signaler, ne serait-ce que pour justifier le niveau un peu plus élevé du prix de sa prestation.