La totalité des commandes passées en ligne en 2019 a franchi la barre des 100 milliards d’euros. Une valeur en hausse de +11,6 % qui impacte mécaniquement les volumes d’expédition à gérer pour les entreprises du secteur. Avec la crise du coronavirus, l’entrée en vigueur des règles de confinement et la fermeture de la majorité des commerces « physiques », on aurait pu s’attendre depuis la mi-mars 2020 à un surcroît d’activité via le canal internet. Qu’en est-il réellement ?
Toujours plus de transactions et, tous les ans, un nouveau pic de colis en circulation. A chaque exercice, voilà la double équation que les enseignes positionnées sur le marché de la vente sur internet ont à résoudre : depuis plusieurs années, la croissance continue des opérations réalisées en ligne les amène en effet à améliorer les performances de leur solution logistique e-commerce afin de gagner en agilité et en rapidité sur un marché hyper-concurrentiel et toujours plus exigeant.
Le dernier bilan annuel dressé par la Fevad, organisme représentatif du secteur, donne la mesure des enjeux économiques à appréhender et à anticiper : en valeur , le total des ventes de marchandises et de services réglés depuis un site internet a atteint l’an dernier 103,4 milliards d’euros, un record absolu (+11,6% par rapport à 2018) que les observateurs avaient déjà pronostiqué depuis près d’un an déjà. Les tendances 2020 s’annonçaient sous les mêmes auspices, avant que la crise sanitaire du Covid-19 ne vienne rebattre les cartes : la Fevad tablait initialement sur un rythme de progression de +11,5% cette année et un chiffre d’affaires de 115 milliards d’euros à la fin du mois de décembre prochain. Qu’en était-il à la fin du mois de mars, après plus de quinze jours de confinement ? D’un point de vue strictement légal, le e-commerce a été autorisé à poursuivre son activité (94% des sites marchands étaient encore ouverts entre les 23 et 25 mars derniers, selon la Fédération).
Des livraisons devenues gratuites
Mais, sur le terrain, les modalités de livraison ont été modifiées en raison de la fermeture de points-relais (85% des sites ont constaté un allongement des délais) et l’acheminement des colis impacté par la réorganisation d’effectifs chez certains acteurs de la sous-traitance logistique. Sur le plan économique, une accélération a été observée dans quelques secteurs, notamment la grande distribution qui tire presque à elle seule le marché, avec une hausse de trafic en ligne estimée à +161% au cours de la première semaine de confinement – du 16 au 23 mars 2020 – et une hausse du nombre de transactions (conversions totales) de +152% sur la même période (source : étude réalisée par Contentsquare, plateforme d’analyse du parcours client).
Pour compenser la fermeture des commerces servant de points retraits, un tiers des sites « proposent la gratuité ou des frais réduits pour la livraison des commandes à domicile » ajoute la Fevad dans son pointage le plus récent.
Rappelons que la seule vente de produits physiques avait contribué pour près de la moitié au résultat global enregistré en 2019, soit 46,5 milliards d’euros (+5,5%). La baisse régulière du panier moyen depuis dix ans (passé, dans ce laps de temps, de 91 euros à 59 euros) s’était confirmée, mais elle a été compensée par des d’achats plus fréquents (43 par an et par internaute en moyenne, contre 38 en 2018) et par la hausse du montant moyen dépensé par ces mêmes e-shoppers (2 577 euros, une somme qui progresse de 220 euros par rapport à l’année précédente).